La Cinémathèque de Corse, l’université de Corse et le Festival du cinéma italien d’Ajaccio ont participé à la manifestation cinématographique sarde dédiée à la mémoire d’un acteur mythique: Gian Maria Volonte
Chaque été, la dernière semaine de juillet, la fine fleur du monde cinématographique et théatral italien se donne rendez-vous dans l’archipel sarde où reposent à jamais l’homme de l’unité italienne Giuseppe Garibaldi, et le magnifique acteur qu’était Gian Maria Volonte – dont la mémoire est honorée par La Valigia dell’Attore, manifestation qui met en valeur le travail des acteurs, organisée par Giovanna Gravina, fille du grand comédien, et l’association Quasar. L’édition 2012 a eu pour invités : les cinéastes Ettore Scola, Giulano Montaldo, Andrea Segre, Felice Laudadio, réalisateur, écrivain, journaliste et ancien directeur de la Mostra de Venise, l’actrice Carolina Crescentini, les acteurs Pierfrancesco Favino, Fabrizio Gifuni (lauréat du Premio Gian Maria Volante qui récompense le meilleur acteur de la péninsule), Gabriele Ferzetti et Paola Pietri, veuve du cinéaste Elio Petri. Parmi les films projetés tous Jes soirs en plein air dans le magnifique écrin de « La fortezza I Colmi » , le public nombreux a pu apprécier des noùveautés camme : « lo sono Li » d’Andrea Sagre, « L’industriale » de Giulano Montaldo,« Romanzo di una strage», de Marco Tullio Giordana, mais aussi un classique du patrimoine : «Todo Modo » d’Elio Pietri.
Proximité entre acteurs et réalisateurs
Ce beau générique a intéressé des cinéphiles Corses : la vice-présidente de Casa di Lume, par exemple, Viviane Gottardi, qui est une habituée des lieux et connait parfaitement le cinéma italien; Fabien Landron de I’Université de Corse, enseignant en langue et culture italiennes, chargé des enseignements d’histoire du cinéma italien et de civilisation contemporaine à travers le cinéma. L’universitaire rédige actuellement une thèse autour du cinéma sarde. Dominique Leca, du Festival du cinéma italien d’Ajaccio, a été séduite par l’accueil très chaleureux qu’ont réservé à leurs hòtes les organisateurs : « Ma présence est motivée par la mise en piace de notre future programmation. C’est la première fois que je viens à La Maddalena, jumelée avec Ajaccio. Le contact est proche avec Jes acteurs et réalisateurs, dont certains pourraient venir dans la cité impériale, dans le cadre de notre futur festival en octobre. On peut échanger ici en toute Jiberté, sans intermédiaire. » À l’image de la rencontre avec Pierfrancesco Favino, présent pour accompagner avec Fabrizio Gifuni la projection du dernier film de Marco Tullio Giordana, «Romanzo di una Strage », qui sortira en France en novembre sous le titre en novembre « Piazza Fontana », et que les spectateurs bastiais du Festival Arte Mare devraient découvrir en avant-première.
Université et cinéma
Pour Fabien Landron, l’enjeu universitaire est autre : « L’opportunité de découvrir sur grand écran des films de qualité encore inédits en France camme ‘lo sono li’ d’Andrea Segre, un petit bijou, ou ‘Romanzo di una strage’, de Marco Tullio Giordana. » Il explique: « Il s’agit de deux films excellents qui reflètent Jes angoisses de la société italienne contemporaine. Le premier traite de la crise économique et de ses effets sur les hommes, le second propose une relecture de l’évènement tragique du 1e décembre 1969, l’attentat de la Piazza Fontana à Milan, en essayant de proposer sa vérité. Ces rencontres avec des monstres sacrés du cinéma italien de Pierfrancesco Favino au maestro Scola permettent d’échanger, mais aussi de préparer leur éventuelle venue à l’université.
Entant que chercheur, je suis particulièrement intéressé par les débats matinaux. Un projet est en cours pour
l’automne dans le cadre d’un partenariat entre la Faculté de lettres, langues, arts, sciences humaines et sociales et la cinémathèque de Corse.»
De Solinas à Volonte
Viviane Gottardi connait bien cette manifestation: « Depuis des années, je viens pour la cinémathèque, à l’origine lors des remises du ‘Premio Solinas’, prix remis en hommage à la mémoire de Francesco Solinas, grand scénariste Griginaire de la Maddalena. Cette récompense, décernée chaque année au meilleur scénario d’un film italien, est remise désormais dans le cadre de ‘La Valigia dell’Attore’. Nous entretenons des liens privilégiés avec Giovanna Gravina, l’ame de cet événement. Avec elle nous avons organisé en 2010 un hommage à Gian Maria Volonte, en liaison avec le festival du cinéma italien d’Ajaccio. La Valigia est un lieu cinématographique populaire, avec des projections magiques en plein air au creur de la Fortezza Colmi.» Elle ajoute : « La Valigia se veut aussi un espace de réflexion avec des debats, des expositions. Quand on aime le cinéma en général, italien en particulier on est comblé, preuve de sa vitalité et sa diversité, j’ai pu rencontrer: Toni Servillo, Silvio Orlando, Kim Rossi Stuart, Riccardo Scamarcio, Luigi Lo Cascio, Giuseppe Battiston … Dans le cadre de nos relations autour du 7e Art, tout au long de l’année avec la Sardaigne, Casa di Lume se doit d’etre ici. Nous entretenons des liens particuliers avec l’ami cinéaste Gianfranco Cabiddu, chef de file. du nouveau cinéma sarde, qui présente chaque soir sur scène les séances». Au-delà des projections, des rencontres fructueuses, des expositions dont une dédiée à la collaboration entre Gian Maria Volonté et Elio Petri, la venue d’Ettore Scola camme invité d’honneur de Valigia dell Attore, a retenu l’attention. Il a longuement évoqué, dans le cadre d’un débat public, sa filmographie exceptionnelle et sa collaboration avec ses différents acteurs. Le cinéaste s’est rappelé avec plaisir son séjour à Bastia, à l’invitation de René Viale et Jean-Baptiste Croce.
Le combat de Scola pour Cinecittà
Ettore Scola est désormais au premier rang. d’un combat romain, qui mobilise la planète cinématographique mondiale : la défense des studios Cinecittà. Ce lieu de création mythique du 7e Art semble promis à la destruction future dans le cadre d’un programme immobilier. Le cinéaste d’« Une journée particulière » porte un tee-shirt blanc barré « Salviamo Cinecittà », il déclare : « Cinecittà est un symbole aussi important que la Ferrar-i pour l’ltalie, un reve collectif pour notre pays ». Le public debout a ovationné Ettore Scola pour le soutenir dans cette nouvelle croisade. Il est à souhaiter que son appel depuis La Maddalena soit entendu ; en France de nombreuses personnalités se mobilisent en ce sens : Bertrand Tavernier, Costa-Gavras ou Yves Boisset qui devrait tourner prochainement un documentaire sur cette chronique d’une mort annoncée ….
Dominique LANDRON